La stratégie nationale a pour ambition de faire de la France le leader de l’hydrogène décarboné. Cette stratégie s’accompagne d’un fort soutien de l’État et des régions ainsi que d’un engouement certain de la part des acteurs de l’innovation et de l’industrie.
Les chantiers à venir sont néanmoins colossaux, en particulier au niveau législatif et des incertitudes perdurent sur le plan réglementaire comme sur l’évolution du coût des équipements. Par ailleurs, les perspectives d’évolution concernant les prix de l’électricité demeurent incertaines, ce qui est problématique quand on sait que l’électricité représente au moins 75 % du coût de production de l’hydrogène par électrolyse !
Une multiplication des projets, mais peu de réalisations effectives actuellement
Selon le rapport de l’IGEDD, « les conditions d’un développement large des usages de l’hydrogène ne sont pas vraiment réunies ». En effet, si les projets en lien avec l’hydrogène foisonnent, ils ne sont pas toujours réalistes et il existe actuellement « un écart très important entre la grande ambition des nombreux projets portés par les acteurs de la filière et l’état des réalisations effectives, qui sont encore très modestes. »
Les problématiques économiques
Qu’il s’agisse de projets industriels, de mobilité Hydrogène, ou du transport, de la distribution et du stockage de l’hydrogène, les interrogations concernant l’équilibre économique restent grandes.
Le rapport met en avant plusieurs facteurs pour atteindre cet équilibre :
- le renoncement progressif à l’usage des combustibles fossiles ;
- la baisse des coûts de production du fait de l’industrialisation des composants (qui est au cœur de la stratégie française) ;
- le développement de la production d’électricité renouvelable et peu chère ;
- les percées technologiques voire, à terme, la possibilité de transporter de l’hydrogène produit à bon marché dans des zones propices en Europe.
La question de la gestion des risques
C’est bien connu, l’hydrogène est un gaz dangereux, car hautement explosif et très volatile. Jusqu’à très récemment, il n’était utilisé que par un nombre restreint d’industriels, pour des usages spécifiques et par des acteurs ayant une bonne maîtrise de la gestion des risques et des questions de prévention.
C’est l’un des enjeux majeurs de la démocratisation de l’hydrogène : il est impératif de « rapidement améliorer la prise de conscience et la prise en compte des enjeux de sécurité par tous les nouveaux entrants au sein de la filière. »
Cela suppose également de renforcer les formations à la sécurité, de poursuivre les travaux de recherche à ce sujet, mais surtout de « trouver les voies pour une évolution de la réglementation qui soit à la fois bien dosée par rapport aux risques et aux enjeux, et aux cadres de sécurité fixés dans les pays voisins. »
De quel hydrogène parle-t-on ?
On qualifie l’hydrogène par une couleur selon son mode de fabrication, afin de distinguer l’hydrogène renouvelable ou décarboné de l’hydrogène produit par vaporeformage du gaz naturel (donc fossile).
Néanmoins, la notion « d’hydrogène vert » elle-même fait actuellement l’objet de débats en Europe et la législation européenne est en cours de négociation.
Ainsi, si jusqu’à présent la définition d’hydrogène vert concernait uniquement l’hydrogène fabriqué à partir de sources d’électricité renouvelable « nouvelles » (afin de favoriser le déploiement des ENR), l’hydrogène produit à partir d’un mix électrique comportant du nucléaire pourrait bientôt, sous conditions, être considéré lui aussi comme vert, selon l’avis de la Commission européenne, ce qui serait une excellente nouvelle pour le développement de la filière Hydrogène en France.
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